LE PARADOXE DU JUDO : TOMBER OU NE PAS TOMBER?

On doit à Jigaro Kano (1860-1938) le développement du sport de combat japonais le plus populaire au monde. Plus de 50 millions de personnes pratiquent ‘’la voie de la souplesse’’ dans 187 pays!

Jigaro Kano, étudiant à la Tokyo School of Foreign Languages à l’âge de 14 ans, apprends la langue anglaise. Il s’intéresse au jiujitsu japonais, un système de combat. Sous la supervision d’un maître, Fukushima, il décide de créer un nouveau sport, plus facile à apprendre et destiné à tous.

En 1879, Kano et Fukushima font une démonstration de leur art au président américain Ulysses Grant qui visite alors le Japon. Le président américain est fortement impressionné par ce qu’il voit!

C’est en 1885 que Kano fonde le Kodokan School et que la popularité du judo dépasse les frontières du Japon.

Le judo devient sport olympique en 1964 à Tokyo (Japon); est retiré du programme olympique en 1968 (Mexique) mais revient en force à Munich (Allemagne) en 1972. En 1988, le judo féminin est sport de démonstration. Finalement, en 1992 lors des jeux olympiques de Barcelone (Espagne) le judo féminin devient une épreuve olympique.

IPPON! FAIRE CHUTER SON ADVERSAIRE

Dans un combat de judo, l’aspect le plus spectaculaire est la projection d’un adversaire au sol...mais c’est aussi la cause de nombreuses blessures!

Une étude faite sur 123 compétitions internationales par des experts de différents pays d’Europe (Autriche, Pologne et Royaume-Uni) et publiée en 2022 a démontré que près de 80% des blessures reliées à la pratique de ce sport de combat survenaient dans la posture debout. L’exécution d’une projection; prendre position pour faire tomber son adversaire; la prise du kimono et la chute au sol sont autant des facteurs de blessures lors du combat debout.

Une étude faite par la Fédération Française de Judo pour la période entre 1993 et 2014 a permis d’évaluer les blessures les plus fréquentes au judo :

-55% d’entorses/foulures (genou, épaule, cheville, doigts)

-16% de fractures (os)

-13% de dislocations d’épaule

On sait aussi, grâce à de nombreuses autres études que près de 50% des blessures surviennent pendant les compétitions; 44% lors des entraînement et 6% lors des exercices de conditionnement physique.

SAVOIR TOMBER PEUT SAUVER VOTRE VIE!

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, pour l’année 2018, on a compté 646,000 décès dans le monde suite à une chute au sol. Tomber est la deuxième cause accidentelle de mortalité. Et ce sont les personnes âgées de plus de 60 ans qui sont le plus à risque. Les raisons de la prévalence de mortalité chez les personnes plus âgées sont reliées à la perte graduelle de

-masse musculaire

-force musculaire

-souplesse

-équilibre

-agilité

Pourtant, des études ont démontré que la pratique des techniques de chutes du judo réduit considérablement le risque de chutes au sol et de blessures!

En 2021, un programme d’entraînement de 10 semaines en judo a permis d’améliorer l’équilibre, la force et les bonnes façons de tomber au sol chez tous les participants (Université Malardalen, Suède).

En 2022, une étude faite à l’Université Gdansk (Pologne) a démontré que la pratique du judo récréatif améliorait les fonctions cognitives (dont la mémoire à long terme) et augmentait la masse musculaire chez les sujets étudiés.

JUDO ET OSTÉOPATHIE

Les facteurs de risque associés au judo sont la présence de blessures musculaires; l’âge; la fatigue; le surentraînement; la mauvaise alimentation et les compétitions.

Voyez votre ostéopathe si vous souffrez de mal de dos ou de douleurs musculaires (particulièrement aux épaules, genoux et chevilles). Un déséquilibre musculaire et postural sont des facteurs de faiblesse qu’il ne faut surtout pas négliger!

La pratique récréative du judo associée à des soins ostéopathiques réguliers peuvent grandement améliorer votre qualité de vie. Et si vous faites du judo de compétition, assurez-vous de faire soigner vos blessures musculaires par un ostéopathe avec de l’expérience dans les traumatismes sportifs.

Michel Jalbert, ostéopathe, expert dans les blessures sportives

Michel Jalbert